ORDINARY COMBAT

There is something of the order of "ordinary combat" in Elyse Galiano's work. A woman's struggle with societal practices and injunctions that are as old as each other. It is by re-appropriating the practices, around the fabric, the embroidery, the links that Elyse brings to light, the shackles that were/have always been imposed upon us. Elyse achieves this by first assimilating them and then by working on them.
Like the house, as Bachelard said, women are "body and soul". She wanders through the rules of life and the forms of play that are imposed upon her, which enclose her and which structure her.

Although there is indeed "something" fundamentally changed in the sound advice of righteousness applied and expected of women, are we so different than the women of the last century, are we much freer than others? Do we resonate as loudly as these excerpts from Dickinson's poems do, rewoven or embroidered on old handkerchiefs on which Elyse took great care to frame after making them? Is lace reliable and breakable nowadays, or is it still in good taste that a fringe of this material underlines our petticoats? Do these hairs that she artistically affixed to the chest of this babydoll bother us, and if so, why?
Something has changed, evolved, that's for sure; but for all it is worth, let's look at the corsets still in place, those that surround us, let's reveal them, let's see them.

RIGOUR AND METHODOLOGY...

Life in business

"To a great extent, woman must adopt the male state of mind. She will work with accuracy, seriousness and method." (Convenience and proper manners, 1953).

It is by reviving practices of classical craftsmanship, also aimed at and destined for the highest social class, that Elyse deconstructs the peremptory tone of order and rigorous methods. She learned this nearly perfect methodology of holding a fabric, from ironing it to wearing it, from folding it to how to store it methodically from her grandmother, mother and from her father alike. This tacit but practical transmission of a collective unconscious has been passed down from generation to generation. Now with infinite meticulousness, she embroiders sentences from old education textbooks and finishing books which were for girls to use. She sews these texts with natural hair.

Understand, learn, apply... to possibly refute these enlightened rules, rebel against this established order, or even validate it, after having possibly deconstructed it.

Coming from a background of applied arts, she constantly questions why things are happening, she searches, and manipulates until she finds just the right medium with which to tell a story that makes sense, that transcends the singular object towards a universal metaphor, often hard, glaring, disturbing but enlightening, for all.

ORDINARY COUNTER-CHAOS

By working with natural materials such as hair, Elyse infuses her work including fabrics and paintings, with a vital force.
We border on the strangeness of this being that appears, that of the object, its practices, these unsaid non-societal norms, these hairs that seem to want to escape, although they are so frozen, although still alive, moving. Like the little girl which we still have in us, we could almost still play and have fun with all these objects of art, except perhaps that we are no longer so fooled. This revealed strangeness disturbs and fascinates us all at once. We can no longer pretend that we have not seen, guessed, understood what these works reveal to us and to men alike...

There is always something very combative in Elyse Galiano's work, against (all against) chaos, an approach that is without form, inappropriate disorder. Everything must be in its right and pretty place, as in any setting worthy of the name, as in a small theatre (which is our life), it is appropriate that the set is adapted, that the skit sounds just right and it is well prepared, neat, and ready.

It is disturbing, distressing from what one can guess, it is freezing at times, it is strong and it is beautiful. It is alive, it is feminine.

Samantha Crunelle, 2015


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COMBAT ORDINAIRE

Il y a quelque chose de l'ordre du combat ordinaire dans le travail d'Elyse Galiano. Le combat d'une femme, sur des pratiques et des injonctions sociétales aussi anciennes les unes que les autres. C'est en se réappropriant ces pratiques, en les assimilant d'abord, autour du tissu, de la broderie, du lien, qu'Elyse nous met en lumière, en les travaillant, les carcans qui nous étaient/sont imposés depuis toujours. 
A l'instar de la maison, comme le disait Bachelard, la femme est "corps et âme". Elle déambule à même les règles de vie et des formes de jeux qui lui sont imposés, préalablement, qui l'enserrent et la structurent.

Bien qu'il y ait effectivement "quelque chose" de fondamentalement modifié dans les bons conseils de droiture appliqués et attendus des femmes, sommes-nous pour autant si différent(e)s qu'au siècle passé, sommes-nous beaucoup plus libres les un(e)s par rapport aux autres? Résonnons-nous aussi fort que dans ces extraits de poèmes de Dickinson, retissés ou rebrodés sur ces mouchoirs anciens qu'Elyse a pris soin d'encadrer après les avoir réalisés? La dentelle est-elle fiable et friable de nos jours, ou est-ce toujours de bon goût qu'une frange de cette matière vienne à lécher nos jupons? Ces cheveux qu'elle a artistiquement apposé au niveau de la poitrine de cette nuisette nous dérangent-ils, et si oui, pourquoi?
Quelque chose a changé, évolué, c'est certain; mais pour autant, regardons les corsets encore en place, ceux qui nous enserrent, révélons-les, montrons-les nous.

RIGUEUR ET MÉTHODE...

La vie d’affaire. 
« La femme doit adopter dans une large mesure l’état d’esprit masculin. Elle travaillera avec exactitude, sérieux et méthode. » Convenances et bonnes manières, 1953.

C'est en renouant avec des pratiques de l'artisanat classique, aussi appliquées et destinées à la classe sociale la plus élevée, qu'Elyse déconstruit le ton péremptoire de l'ordre et de la méthode rigoureuse. De sa grand-mère, de sa mère, de son père,... elle a appris cette méthodologie quasi parfaite de la tenue d'un tissu, de son repassage à son port, du pliage à la façon de le ranger méthodiquement. Cette transmission tacite mais pratique d'un inconscient collectif est passé de génération en génération. A présent, elle brode, avec une infinie minutie, des phrases extraites d'anciens manuels d'éducation et de bonne manière à l'usage des jeunes filles. Elle coud ces textes avec des cheveux naturels.

Comprendre, apprendre, appliquer... pour éventuellement réfuter ces règles mises en lumières, se révolter contre cet ordre établi, ou encore le valider, après l'avoir déconstruit, éventuellement. 
Elle qui vient des arts appliqués se pose constamment la question du pourquoi des choses, elle cherche, manipule jusqu'à trouver le bon médium pour raconter cette histoire qui a du sens, qui transcende l'objet singulier vers une métaphore universelle, souvent dure, criante, secouante mais éclairante, pour tous et toutes.

CONTRE-CHAOS ORDINAIRE

En travaillant à l'aide de matériaux physiques naturels tels que les cheveux, Elyse insuffle cette force vitale à ses œuvres, à même les tissus et les tableaux...
On frise l'étrangeté de cet être qui apparaît, celui de l'objet, de ses pratiques, de ces non-dits sociétaux, de ces cheveux qui semblent vouloir s'échapper alors qu'ils sont si figés, quoiqu'encore vivants, mouvants. La petite fille que nous sommes encore pourrait encore presque jouer, s'amuser avec tous ces objets artistiques, sauf que nous ne sommes plus autant dupes, peut-être. Cette étrangeté révélée nous dérange et nous fascine. Nous ne pouvons plus faire comme si nous n'avions pas vu, deviné, compris ce que ces œuvres nous révèlent, à nous-mêmes et aux hommes.
Il y a quelque chose de très combatif toujours, dans le travail d'Elyse Galiano, contre (tout contre) le chaos, une démarche qui va à l'encontre du désordre sans forme, inapproprié. Chaque chose doit être à sa juste et jolie place, comme dans toute mise en espace digne de ce nom, comme dans un petit théâtre (qu'est notre vie), il convient que le décor soit adapté, que la saynète sonne juste et soit bien préparée, soignée, prête.
C'est dérangeant, angoissant de ce qu'on y devine, c'est glacé parfois, c'est fort et beau. C'est vivant, c'est féminin.

Samantha Crunelle. 2015


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APOLLINE, CONSTANCE ET LES AUTRES...

La galleria SPAZIO TESTONI in Via d’Azeglio 50 a Bologna, ha il piacere di presentare la prima personale in Italia di ELYSE GLIANO, artista francese che vive e lavora a Bruxelles, “Apolline, Constance et les autres…”, che inaugura sabato 25 novembre 2017 dalle 18,00 alle 20,00, in occasione della Giornata Mondiale contro la violenza sulle Donne.
Elyse Galiano realizza grandi tele ricamate con lunghi capelli femminili che riproducono in varie lingue, testi di protocolli tratti da antichi manuali di buone maniere dettati per le donne. Questi manuali si sono diffusi in tutta Europa fin dal XVIII secolo, dettando regole per l’educazione delle giovani ragazze e, più in generale, per tutte le donne nel loro ruolo di mogli e di madri. Le opere descrivono con precisione i comportamenti che le donne dovevano seguire per mantenere correttamente la casa, come accogliere gli ospiti e come comportarsi anche nel privato più intimo della camera da letto alla presenza del marito. Questo ritratto del modello di moglie e di madre pone in discussione il ruolo delle donne nelle sfere pubbliche e private mettendo in luce la questione femminile rispetto al potere in generale prevalentemente detenuto dal genere maschile.
L’uso dei capelli femminili con cui Elyse Galiano realizza i suoi lavori sottolinea quello che fin dall’antichità è considerato comunemente il simbolo assoluto della donna. Una serie di grandi tele sono posizionate sulle pareti della prima sala della galleria insieme ad una installazione costruita con sculture realizzate con capelli femminili di varie sfumature di colore ad interpretare la corporalità e lo spirito della femminilità.
Al centro della sala un grande ovale in legno con all’interno una folta chioma di capelli femminili che formano un quadro che vuole rappresentare ed esaltare il simbolo della bellezza delle donne.
Nella seconda sala della galleria, una leggera camicia da notte, che anche nell’intimità nasconde la rotondità dei seni sotto lunghe trecce di capelli, è accostata ad una romantica lampada rosa con ricami e frange leggere di fulvi capelli. Eleganti fazzolettini ricamati e incorniciati all’interno di candide scatole richiamano le preziose opere realizzate dalle abili mani femminili, attività quella del ricamo a cui nei secoli sono state deputate quasi esclusivamente le donne. Uno specchio riflette l’ambiente dolce e soffuso della stanza e riporta su di esso incise e retro illuminate queste parole in francese:

"Après une dure journée endurée par votre mari,
accueillez le avec sourire et désir de lui plaire.
Ne l’accueillez pas avec vos plaintes et vos problèmes,
ses sujets de conversations sont plus importants que les vôtres.
Et souvenez vous qu’il est le maître du foyer
et qu’en tant que tel, il exercera toujours sa volonté
avec justice et honnêteté."

“Dopo una dura giornata trascorsa da tuo marito,
accoglilo con un sorriso e con il desidero di piacergli.
Non dargli il benvenuto con i tuoi reclami e problemi,
i suoi argomenti di conversazione sono più importanti del tuo.
E ricorda che lui è il padrone di casa
e come tale eserciterà sempre la sua volontà
con giustizia e onestà”

Nella terza sala una grande installazione riproduce una cascata di capelli che sembrano penetrare nella parete dall’esterno invadendo la sala fino al centro, come a rappresentare la determinazione e la forza femminile.
Nell’ultima sala, un video in cui l’artista è ripresa seduta su una comoda poltrona al centro di un bosco mentre ricama un fazzoletto bianco, trascorrendo così il suo tempo silenzioso interrotto soltanto dall’intermittente passaggio di un treno che le rammenta la frenesia del mondo che la circonda, ma che lei affronta con la Saggezza della solitudine.
Elyse Galiano sarà presente durante l’inaugurazione e chiederà a tutte le donne presenti che lo vorranno di darle una ciocca dei loro capelli con i quali realizzerà appositamente per loro una piccola opera che verrà consegnata al finissage della sua personale il 13 gennaio 2018.

Paola Testoni. galerie Spazio Testoni. Exposition "Apolline, Constance et les autres..." 2017



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MOTIF A MOTS

ou des scènes d’intérieur racontant une part de l’identité féminine.
L’éclairage du passé permet sans doute de mieux comprendre le statut social et intime des femmes dans la société contemporaine occidentale. Et grâce aux « savoir-faire » dit féminins, de faire un lien temporel.
Dans un intérieur reconstitué, des objets clef incarnent la femme, la maîtresse de maison. Il est son espace par excellence, tantôt social, tantôt intime, où la vie est également régie par les codes de « convenance » et de « bonne manière ».
C'est un portrait d’intérieur.

Elyse Galiano. 2014



Ce portrait d’intérieur envoie des signaux de temps à l’état pur. Un monde y est entrevu, reconstruit, qui arrive jusqu’à nous par pulsations intenses. On entre dans un salon agencé par la poétique de l’espace chère à Gaston Bachelard. Fauteuil, tapis ancien, guéridon mettent en scène les signifiantes créations d’Elyse Galiano. Les amabilités déploient leur phrase de politesse sur lampe, au mur des cadres avec ouvrage de dames, poèmes brodés sur mouchoir, et Apolline – Constance et les autres… broderies aux cheveux de protocole sur étoffes réactivent la mémoire du 19e d’où s’origine notre société contemporaine. Une projection murale diffuse la sagesse du solitaire (performance filmée). Des visages, des présences apparaissent et disparaissent par le relais des ombres, pour ne laisser que les lieux par lesquels ils sont passés, ont vécu, les objets qu’ils ont touchés. Dans une respiration, s’abolissent le dedans et le dehors, ce monde existe et invite le spectateur à prendre place dans le fauteuil. Et devenir ainsi l’un des acteurs de cette scène de salon.

Veneranda Paladino journaliste Dernières Nouvelles d'Alsace, coordinatrice du supplément culturel REFLETS DNA.
catalogue de l'exposition collective Motifs à mots. 2014



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Le travail d’Élyse Galiano est bercé de mystère, de nostalgie, de mondes merveilleux, de fantaisie.

Ses installations convoquent un passé qui n’existe plus, réminiscence d’un temps où les objets étaient emprunt de préciosité, elle décide alors de les collectionner et de nous les montrer avec grand respect (intérieur de courtoisie).

Elle s’invente un monde imaginaire, à la manière des jeux d’enfants, elle " fait comme si… " : ses dispositifs mettant en œuvre des recherches de matière, de textures, de lumière et jouant avec l’espace.

Ainsi dans son travail réalisé en 2008 intitulé une histoire d’intérieur, ou la demeure habitée, elle nous ouvre les portes d’un univers obscur teinté de lumière bleue au milieu duquel règne un volume tentaculaire. Cette figure énigmatique, d’apparence maternelle, nous tend les bras afin de nous réconforter, de nous bercer et de nous emmener dans le monde des songes mais en même temps demeure étrange.

Ce que nous propose Élyse, ne serait-ce pas une suite d’invitations à retourner à l’état fœtal, ses volumes s’apparentant facilement à des ventres ? Il en va de la cloche et de son aspect protecteur mais aussi de la robe rouge abritant en son centre le son d’un cœur qui bat…
Dans une autre proposition, Élyse a investi l’espace d’une grotte pour y développer le long des parois rocheuses un décor baroque. Ces graffitis faisant évidement clin d’œil aux peintures rupestres se font cohabiter plusieurs propositions : la nature et la pratique essentiellement urbaine qu’est le graffiti mais aussi elle oppose l’artifice à la simplicité de la roche. Elle décide d’y laisser sa trace, elle y apporte un regain de préciosité, la réalité telle qu’elle est ne pouvant la satisfaire.

Élyse Galiano nous convie à une certaine intimité pour y prendre refuge…

Marie-Cécile Casier, plasticienne
catalogue de l'exposition collective Les anciens de... 2009